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Un bâtiment sans toit pour les allaitant Un bâtiment sans toit pour les allaitantes

François et Alexandre Baney profitent de sols portants pour conduire leur troupeau en «semi-plein air».

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Un logement économique et confortable, c'est possible. En tout cas, François et Alexandre Baney, de Civrac-en-Médoc, en Gironde, l'assurent. Leur cinquante limousines passent l'hiver sur une aire bétonnée recouverte seulement d'une épaisse couche de litière.

«Seule l'auge est abritée sous l'auvent du hangar de stockage, expliquent-ils. Mais souvent les vaches ne passent que la nuit sur l'aire bétonnée. Le reste de la journée, elles repartent au pâturage. Nos terres argilocalcaires portantes et notre climat doux favorisent cette conduite.»

La première aire bétonnée de 500 m2 a vu le jour en 1977. «J'étais maçon à l'époque, explique François. J'ai aménagé cette dalle pour les vaches de mes beaux-parents.» La préparation du terrain a été déterminante pour la bonne tenue de la dalle.

«Nous avons décaissé puis nivelé le terrain avant de le recouvrir d'au moins 15 cm de béton», indique-t-il. Ainsi, la dalle peut supporter le passage des engins.

La chape épouse parfaitement le sol et respecte la pente du terrain. Les jus s'écoulent dans un caniveau situé au bas de la pente et sont collectés dans une fosse. Celle-ci a demandé un peu plus de travail à la mise en place.

«J'ai dû louer un brise-roche hydraulique, se souvient François, car la couche de terre est peu profonde: 30 cm seulement. Nous tenions à récupérer tous les effluents même si la mise aux normes n'était pas encore d'actualité.»

Après le départ de ses beaux-parents, François reprend l'exploitation en 1997. Alexandre, son fils l'a rejoint depuis. Ils ont augmenté l'effectif et agrandi les capacités de stockage et de logement des animaux.

Une nouvelle aire bétonnée de 600 m2 a été construite devant un hangar de stockage. Sur le même principe que l'ancienne. Mais cette fois, c'est une entreprise qui s'est chargée des travaux pour un peu plus de 9.000 euros.

Des vêlages à l'abri

Les génisses prennent place dans la partie la plus ancienne, du moins celles qui ont plus de deux ans. Les laitonnes occupent une aire paillée à l'intérieur du hangar mais elles mangent dans le même râtelier.

Les mâles, en revanche, sont vendus en broutards avant l'entrée en bâtiment. Quant aux cinquante vaches, elles logent toutes ensemble sur l'aire bétonnée de début décembre à fin mars.

Les vêlages ont lieu pendant cette période. «Nous disposons d'un box d'isolement, près de l'aire paillée des laitonnes, à l'intérieur du bâtiment, pour intervenir plus facilement», précise François. Cependant, cela arrive rarement.

Après le vêlage, la vache réintègre rapidement l'aire bétonnée avec son veau. Et ce dernier accède à un box à l'intérieur du bâtiment grâce à une barrière sélective. «Mais les veaux sont le plus souvent avec leur mère, ajoute Alexandre. Nous n'enregistrons aucun problème sanitaire. Les diarrhées ou les problèmes pulmonaires sont rares.»

Des animaux calmes

Pour Michel Aimé, technicien à la chambre d'agriculture de Gironde, qui a observé les animaux dans le cadre d'une étude avec l'Institut de l'élevage sur les bâtiments économes, ce type de logement ne pose pas de problème particulier.

«Les animaux sont propres et en bon état, indique-t-il. Ils ont un bon poil et ne présentent aucun coup ni aucune blessure. Ils sont calmes et non stressés. Les résultats de reproduction sont également corrects, avec un bon intervalle vêlage- vêlage.» La qualité du paillage (voir ci-dessous) est toutefois déterminante pour le confort.

Côté alimentation, le troupeau continue de consommer de l'herbe tout l'hiver. Vaches et génisses disposent de 25 ha autour des bâtiments. Des clôtures électriques séparent les deux lots.

Au printemps, ces prairies sont hersées. Les bouses sont écartées et les endroits les plus piétinés sont aplanis. L'herbe repousse vite et les 25 ha reviennent dès le mois d'avril dans la rotation du pâturage.

L'hiver, l'herbe n'assure pas la ration complète. «Nous distribuons du foin à volonté», souligne François. Ce fourrage est déposé dans deux râteliers sur l'aire paillée et derrière des barres au garrot sous l'auvent.

«L'aire bétonnée facilite le vide sanitaire, tient à préciser François. Nous lavons et désinfectons au nettoyeur à haute pression dès la sortie des animaux. Si le sol était en terre battue, l'élimination des éventuels agents infectieux seraient moins efficace »

Autre point positif, l'aire bétonnée n'est curée qu'une fois à la fin de l'hiver. «Nous vendons tout le fumier, car nous n'avons pas besoin de matière organique. Cela nous évite d'investir dans un épandeur», ajoute Alexandre.

Les deux associés s'interrogent sur l'engraissement des broutards en boeufs. Dans ce cas, il faudrait créer un nouveau parc stabilisé d'hivernage.

«Mais toujours bétonné, insistent-ils. Car au bout de trente-deux ans, notre installation est toujours en bon état. Elle ne demande pas d'entretien particulier. Ce qui n'est peut-être pas le cas des formes plus économes constituées d'un lit de copeaux de bois aménagé sur un sol naturel drainé. Il nous faudrait aussi envisager une surface couverte plus importante pour réussir l'engraissement.»

 

 

 

Une litière de roseaux à fort pouvoir absorbant

La «beauge» récoltée dans les marais de roseaux constitue la litière des vaches pendant l'hiver. Les associés l'étalent, à l'aide d'une pailleuse, une fois par jour à raison de 15 kg par vache et par jour. La couche est épaisse et permet de garder les animaux toujours propres. «De 10 à 12 kg par vache et par jour pourraient suffire», signale aussi Michel Aimé, de la chambre d'agriculture.

«La beauge a un fort pouvoir absorbant, précise François. Une grande partie de l'eau de pluie reste dans la litière et s'évapore dès qu'il y a un rayon de soleil.» Seuls 65 m3 se retrouvent dans la fosse. Les analyses montrent qu'ils sont faiblement «chargés» en azote, phosphore et potassium.

Ils sont épandus sur les prairies en hiver. «La création d'un massif filtrant végétalisé ou d'un bosquet pour traiter cet effluent pourrait m'éviter l'épandage sur les prairies. Cette aire de traitement serait toutefois difficile à mettre en place compte tenu du terrain plat et de la faible épaisseur de terre.»

 

 

Points forts :

- Des roseaux à fort pouvoir absorbants.

- Des sols portants.

- Une aire bétonnée étanche avec récupération des effluents.

- Peu de problèmes sanitaires sur les veaux.

Points faibles :

- Consommation de «paille» importante (15 kg/vache/jour).

- Un effluent peu chargé à épandre.

 

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